La grande Histoire par le biais de la petite histoire. L’histoire des « petits gars » partis du Canada, parfois en mentant sur leur âge pour être sûrs de pouvoir être enrôlés, qui se sont retrouvés sur les plages de Dieppe le 19 août 1942, « en héros ». Une vingtaine d’élèves de terminale du lycée Ango ont pu toucher du doigt un pan de l’histoire éminemment humaine, jeudi matin au Mémorial du 19 août 1942, en rencontrant Nicolas Paquin, auteur et conteur dans la plus pure tradition du Québec. Il raconte, maniant avec un talent fou l’humour puis, la seconde d’après, une émotion qui a tiré des larmes au jeune auditoire du Mémorial, des tranches de vie souvent achevées sur les galets dieppois. « J’ai adapté cet art à la guerre, aux gens qui l’ont vécue. »
Depuis environ huit ans, l’artiste se consacre au recueil des histoires des vétérans de la Seconde Guerre mondiale. « Je ne suis pas un historien, juste un conteur, un relais, un passeur de mémoire. » N’empêche. Après avoir écrit une trilogie fictionnelle, Les Volontaires, il s’avise que « les gens, surtout les scolaires, aiment les histoires vraies ». Alors il débusque, partout sur le globe, les destins, souvent brisés, des jeunes hommes partis faire la guerre « d’abord pour l’arrêter ». Et « c’est devenu mon travail ».
« Le seul que j’ai rencontré et qui ait fait Dieppe, c’est Jacques Nadeau », très connu dans la cité d’Ango. « J’étais là quand il a reçu sa Légion d’honneur en 2015, je lui ai donné mon livre. » Une partie de sa performance concerne Jacques Nadeau et la promesse qu’il avait faite à son meilleur ami, Robert Boulanger, tombé lors du raid, de remettre sa dernière lettre à ses parents. Un moment suspendu dans la salle du Mémorial, qui émeut même ceux qui connaissent l’histoire par cœur. Une fois installé devant lui, impossible de décrocher. Les récits s’enchaînent, liés par un fil invisible, celui « de ceux qui ne veulent pas qu’on les oublie » et qui ont semé des indices, çà et là, que Nicolas Paquin trouve, tels des trésors un peu magiques... Des coïncidences sur son chemin qui stupéfient.
C’était la quatrième fois que Nicolas Paquin venait à Dieppe, « pour parler des destins vécus à Dieppe ». On espère le revoir bientôt, en dédicace, devant une classe en cours d’histoire... voire sur une scène de théâtre. En attendant, il fera « une présentation » ce samedi à 17 h à l’hôtel de ville de Petit-Caux : un rendez-vous à ne pas manquer. Car l’artiste a mille talents, d’abord celui d’humanité totale.